Une deuxième caravane itinérante a cheminé sur les routes du Sénégal du 25 mai au 4 juin 2009. Elle a parcouru les villes de Saint-Louis (capitale de la Mauritanie et du Sénégal jusqu’au moment des indépendances africaines), de Podor, de Ouro Sogui et de Kanel. Comme la 1ère caravane organisée en Mauritanie, l’intention a été de rencontrer une importante diversité d’acteurs de ces quatre villes. L’accent a été mis cette fois-ci sur la rencontre d’acteurs habitués à agir sur les réalités de terrain au Sénégal.
Mamadou Niang rappelle comment se réalise "l’entrée en contact" avec les partenaires locaux lors des caravanes. Il aborde les fondements de l’assemblée de citoyens, l’impasse de nombreuses politiques de développement en Afrique et dans la région, la nécessité de repenser les cadres de ces politiques et la recherche de nouveaux modes de gouvernance, la responsabilité nouvelle qu’ont les citoyens vis à vis de ces défis.
Une question est exprimée fréquemment en réponse à cette entrée en matière et aux postulats de l’assemblée : « les citoyens peuvent-ils prétendre changer le cours des choses et faire poids sur l’État et les institutions ? » .
« Les gens ont envie de parler et de fait ils parlent beaucoup ! précise Mamadou. Les témoignages sont extrêmement divers. Après notre passage, nous avons un travail de tri et de décantation à faire à partir de tous les éléments que nous récoltons. Dans ce sens, nous expliquons que l’assemblée n’a pas vocation à traiter toutes les préoccupations exprimées par les uns et des autres. La priorité est mise sur les défis communs qui apparaîtront entre les communautés de la région ». Pour ce faire, chaque caravane donnera lieu à l’édition d’un bilan (notamment traduit en arabe) où les matériaux issus des rencontres seront retranscrits et synthétisés.
L’une des propositions qui s’est dégagée à plusieurs reprises lors de cette seconde caravane est celle de transcender les cloisonnements présents au sein de la société en cherchant à fédérer les initiatives. « De nombreux acteurs favorables au changement existent. Chacun contribue à prendre en charge une partie des problèmes. Mais cette modalité d’organisation devient un obstacle quand il s’agit d’aborder des défis transfrontaliers et multidimensionnels. Un participant a très bien déclaré lors d’un débat dans la ville de Kanel : toutes les idées que nous avons partagées dans ce débat nous montrent que chacune de nos organisations prises séparément ne peuvent pas changer les choses ».
Un réflexe révélateur montre également la prégnance de la culture d’organisation au sein de la société civile : "pour porter le projet de l’assemblée, les gens nous suggère de créer une structure dotée d’un président et d’un secrétaire ! Nous disons non, l’initiative est ouverte et doit s’organiser d’une autre manière. On voit bien que, ne serait-ce que sur notre manière de nous relier dans le cadre de l’assemblée, nous sommes déjà en rupture avec les schémas habituels".
La demande de suivi après le passage de la caravane a été forte. Vu le manque de généralisation des emails personnels, c’est le téléphone – avec la difficulté de gérer les coûts de communication très élevés dans la région, qui sera le connecteur privilégié pour assurer un lien avec certaines personnes ressources de l’assemblée.
Prochaine étape prometteuse dans l’agenda de l’assemblée sahélo-saharienne : la première réunion des personnes ressources identifiées au cours des 2 premières caravanes itinérantes. Cette rencontre aura lieu à Nouakchott en Mauritanie et proposera une formation méthodologique axée sur les défis de l’assemblée et la construction des propositions.