Le 2ème séminaire « Eau et géopolitique » s’est déroulé les 5 et 6 juin 2009 dans la ville argentine de Cordoba. Il s’est appuyé sur les exposés d’une dizaine de spécialistes sur des questions relatives à la gestion de l’eau et aux impacts environnementaux dans le Cône Sud. Les exposés ont été complété par différents moments de discussion collective organisées sous la forme de tables-rondes. Près de 150 participants, dont de nombreux étudiants, étaient au rendez-vous.
Cette deuxième étape du séminaire - la 1ère édition avait eu lieu en septembre 2008 dans la même ville de Cordoba, s’inscrit dans le projet de la Chaire d’intégration régionale Francisco Miranda. Rappelons que cette chaire est une initiative de l’Assemblée régionale de citoyens du Cône Sud. Il s’agit d’un espace informel de diffusion et d’élaboration de réflexions sur divers enjeux de la région dans la perspective de promouvoir l’intégration des communautés et des peuples de la région.
Les panelistes invités traduisent cet effort pour convoquer la diversité régionale. Etaient présents : l’association des Mères d’Ituzaingo de Cordoba – Argentine, un groupe de producteurs agricoles de la région de Cordoba - Argentine, Tamara Perez Rivera – professeur en Sciences environnementales de l’Université de San Simon – Bolivie, Victor Manuel Torres Lozada conseiller de la Fédération nationale de Travailleurs de l’Eau potable du Pérou, Juan Carlos Cardenas – Centre Ecocéans pour la Conservation et le Développement Durable - Chili, Cécile Lujan – Assemblée de citoyens pour la Vie de Famatina – Argentine, Norma Pollet – enseignante en Droit environnemental à l’Ecole Supérieure de Commerce de l’Université Nationale de Cordoba – Argentine, Maria Jose Castillo et Cecilia Batistini – avocates de l’Université Nationale de Cordoba et membres de l’organisation HIJOS.
« Cette diversité de point de vue a permis d’offrir un panorama des différents impacts des activités industrielles sur l’environnement et de dégager une question transversale : celle des situations humaines préoccupantes provoquées par le développement irraisonné de ces activités. Ces situations portent atteinte aux droits fondamentaux des citoyens. Mais la limite des approches en terme de défense des « droits de l’homme » pour aborder ce type de problème a été citée à plusieurs reprises » souligne Angela Pino, cheville ouvrière de l’assemblée en Argentine. La région accueille en effet de nombreuses activités liés à l’extraction minière, la monoculture de soja et de mais, la production chimique et énergétique. Conçues selon des logiques techniciennes et unidimensionnelles, ces activités engendrent des impacts directs et indirects parfois extrêmement destructeurs sur la santé, l’emploi,la cohésion sociale et les écosystèmes.
Les débats ont montré que les logiques économiques du marché, couplées à des mécanismes de gouvernance perméables et non-limitants à l’égard des influences extérieures – ce que d’autres appelleraient une « néocolonisation », conduiront et conduisent déjà à plusieurs impasses :
- elles ne permettent pas d’assurer des relations réciproques d’interdépendance entre les différentes régions du monde et encore moins une compréhension mutuelle entre les peuples pour qu’ils se préparent sur le long terme à gérer ensemble la planète ;
- elles génèrent des conflits grandissants et de profondes contradictions au sein des populations, y compris au sein des gouvernements ; ces conflits peuvent conduire à des situations « d’ingouvernabilité » et d’instabilité importante ;
- elles entretiennent un imaginaire au sein duquel la conquête ou la prise de pouvoir apparaît comme le moyen privilégié pour faire évoluer la situation ; or il est clair que les alternatives à concevoir devant des défis de cette nature sont à la fois d’ordre conceptuels, organisationnels, éthiques et politiques.
Le compte-rendu du séminaire qu’Angela Pino rédige actuellement devrait reprendre ces différents points et valoriser les propositions issues des débats.
Le séminaire a donné l’occasion de créer de nouveaux contacts avec des universités et organisations citoyennes en Argentine. Angela prolongera notamment les discussions avec l’Université de Cordoba et l’Union des Assemblées environnementales de citoyens en Argentine.