Au cours de la réunion des animateurs d’Assemblées Citoyennes à Paris, Betsan Martin
avait évoqué la possibilité d’avancer sur les thèmes de la responsabilités, de la gouvernance
et de l’œconomie, dans le cadre d’un contexte local soutenu par la population indigène et
avec une forte présence internationale. Différents débats ont maintenant confirmé l’opportunité de construire une importante « assemblée citoyenne » en s’adossant à la conférence « Sharing Power » organisée en janvier 2011 par la Commission des politiques environnementales, politiques et sociales (CEESP) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’une des attractions de la conférence sera la présence d’Elinor Ostram, Prix Nobel d’économie. Même si nous savons que les assemblées sont des regroupements de citoyens, il sera certainement positif de rencontrer des gens susceptibles de faire avancer notre pensée à travers leur capacité à nous guider dans l’action.
La conférence « Sharing Power » (Partager le pouvoir) souhaite mettre en débat l’exercice des responsabilités citoyennes à l’égard de l’environnement et de la gouvernance des ressources bio-culturelles. Cela renvoie notamment au fait de permettre aux communautés indigènes locales d’avoir plus de droits et de responsabilités dans la gouvernance et dans la gestion des paysages et des écosystèmes où elles évoluent et dont elles sont proches. Les communautés et les villes font preuve de leadership
dans la gestion et la gouvernance locales. Les gouvernements, cependant, montrent des difficultés, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau des Nations Unies, comme qu’on a pu le
constater avec la rencontre sur le changement climatique à Copenhague. Une des questions à poser sera de savoir quels sont les
modèles de gestion des ressources naturelles inventés par des communautés indigènes ayant connu un succès.
« Bâtir une nouvelle vision pour le développement » suppose de reconnaître que le modèle actuel, basé sur le
capital, présente des défauts qui ont engendré des inégalités sociales et économiques, lesquelles ont conduit à d’importantes dégradations de l’environnement. Quels autres modèles de développement
existent aujourd’hui ? Quelles sont les composantes principales de la responsabilité partagée dans la gouvernance pour assurer un avenir durable ? Comment peut-on intégrer les visions locales et
indigènes de la durabilité dans le développement ?
De très nombreuses initiatives sont en cours. Cela montre l’existence d’un mouvement en pleine croissance parmi les communautés indigènes et les citoyens en général. Ce mouvement cherche à regarder au-delà du capitalisme et sans s’imposer de frontières, pour
prendre en considération un avenir qui demandera de notre part un engagement plus important
envers la nature et la Terre. Quelques exemples sont bien visibles : la Charte de la Terre, la Charte des
Responsabilités Humaines, l’Assemblée Mondiale des Habitants, le Vème Congrès Mondial des
Parcs à Durban, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des indigènes, la Déclaration de
Bariloche, le premier jet de la Déclaration Universelle pour le bien commun de la Terre et de
l’Humanité (qui se débattait à Cochabamba, Bolivie, en avril 2010), etc.
Tous ces mouvements partagent le même principe de solidarité, même si leurs origines sont diverses. Ils expriment le désir commun de construire un autre monde. La gouvernance a trouvé sa place centrale, comme un défi majeur pour la gestion de l’environnement et la
protection de l’intégrité des écosystèmes vivants. Elle constitue le pivot devant affronter la responsabilité économique et la marchandisation de la vie par l’économie de marché. Et il est essentiel que la gouvernance puisse canaliser ce malaise symptomatique face aux violentes inégalités.
Les thèmes de cette rencontre seront liés à la tension dynamique entre les formes les plus localisées de gouvernance et de responsabilité et l’impératif de générer la responsabilité à travers des
systèmes globalisés. L’UICN occupe une place privilégiée pour contribuer à ces initiatives locales ainsi qu’aux défis à l’échelle mondiale, puisqu’elle joue un rôle important dans la création de certains accords mondiaux tels que la Convention des Nations Unies sur la Loi de la Mer, la Stratégie de Biodiversité des Nations Unies, etc.
L’assemblée « Partager le Pouvoir » sera ouverte à tous, aussi bien au niveau local qu’international. À partir des débats que nous avons déjà eus, nous soutiendrons spécifiquement la participation de jeunes. La mobilisation se fera sur la base de nos réseaux « Prenons soin de la planète », que nous élargirons pour y inclure les réseaux de la
Commission des politiques environnementales, économiques et sociales (CEESP). Il s’agira d’une assemblée appuyée par les communautés indigènes. Nous soutenons de façon active les forums indigènes pour des raisons de justice historique mais aussi parce que nous pensons que les systèmes de connaissance indigènes sont ceux dont le monde a besoin aujourd’hui.
Beaucoup de choses restent à faire autour des systèmes pouvant reconnaître l’interdépendance entre les êtres humains et la planète, autour des sociétés qui mettent l’accent sur l’obligation
(la responsabilité) et la réciprocité et des formes localisées de gouvernance où les relations sont au cœur de toute interaction. La connaissance indigène doit devenir une source première de tous les systèmes mondiaux de gouvernance, car elle constitue une base de connaissances qui respectent les « forces de la vie », celles qui guident et maintiennent reliés
les systèmes complexes, massifs et incroyablement connectés et qui dépassent la compréhension humaine. Il est nécessaire de rappeler ces points régulièrement. On évoque beaucoup les questions indigènes, mais la réalité montre que l’on fait bien peu de choses concrètes pour ces communautés.
Nous activons actuellement nos réseaux d’Australie et du Pacifique pour attirer des collaborateurs qui viendront partager et contribuer à cet événement. Te Kawehau et moi-même animerons
une table ronde et nous préparons à animer un débat autour de la Gouvernance et de la Responsabilité.
Nous devrions également animer une table ronde sur les initiatives internationales telles que la Charte des Responsabilités Humaines (en incluant « Prenons soin de la planète »), la
Charte des Droits de la Terre et d’autres encore...